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20 août 2012

Comment le système a tout intérêt à tirer partie de nos névroses

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Une simple réflexion qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. La nature nous a dotés d'une conscience, cadeau fabuleux mais avec un revers de médaille assez lourdingue : la conscience qu'un jour ou l'autre on va mourir. Tout tourne autour de ça. Et de l'ego. Je ne suis donc rien si un jour je disparais sans conséquence ? De cette question nait une angoisse, l'angoisse de n'être rien, que l'humain ne peut admettre (et pourquoi donc finalement ? Ca serait reposant, non ?).

Il faut alors se créer des dieux, se trouver un But Dans La Vie. J'ai toujours dit que le but de ma vie était de trouver le but de ma vie. J'aime bien cette connerie parce qu'elle résume au final la quête pathétique du chien qui se mord la queue. Il faut donc trouver l'âme soeur, faire des enfants, faire un prêt, avoir une carrière professionnellle, être sur tous les fronts, être performant...

Etre performant. Très anglo-saxon, très girl power. Tout gérer, tout comprendre, tout anticiper, tout savoir, être positif, être le meillleur, le plus rapide, la compétition est le moteur de l'existence... et tout le bullshit qui va avec. Amen.

Ca serait-y pas un peu anxiogène tout ça ? Je ne sais pas pour les autres, mais j'ai plutôt tendance à me remettre en cause, me culpabiliser, me dire que je pourrais faire mieux, que je suis faignante, etc... Et j'ai comme l'impression que la plupart des gens sont comme ça, avec une estime de soi fluctuante, une affirmation de soi bancale, une confiance en soi régulièrement en berne. Et si c'était systémique ? Oh le gros mot.

Systémique, ça ne veut pas dire théorie du complot. Ca veut dire que ça les arrange bien les boîtes que tu te déchires pour avoir de la reconnaissance, que tu aies envie de te fixer des challenges... Sauf que "A l'impossible nul n'est tenu". Les entretiens annuels et semi-annuels se succèdent avec des objectifs toujours plus hauts. Tout le monde vous le dira : remplir ses objectifs, c'est simplement s'assurer une année suivante encore plus exigeante. Plus de performance, plus d'investissements, plus de travail, pour plus d'argent, plus de choses, plus de statut social, plus de reconnaissance... Et si tu ne réussis pas, c'est que tu es défaillant : tu n'as pas su gérer ton temps efficacement, tu n'es pas assez organisé, tu as des problèmes d'attention, tu n'es pas motivé, tu ne sais pas gérer le stress, tu n'as su dire non, tu es décevant, Papa et Maman attendaient mieux de toi.

Les méthodes de gestion à l'anglo-saxon fabriquent donc une société anxiogène. C'est mon point de vue. Et ce ne sera pas facile de résister.

Je ne peux que conseiller deux bouquins de Vincent de Gaulejac. Le premier, excellent, m'a certainement sauvé la tête quand je suis partie travailler aux Etats-Unis en me montrant les mécanismes impliquant justement l'ego. Le second est sur ma liste de livres à lire depuis trop longtemps !

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        Vincent de Gaulejac - Le coût de l'excellence   

 

 

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        Vincent de Gaulejac - La société malade de la gestion 

 

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